LES EXPRESSIONS DE MERDE QUI ME FONT CHIER

 

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Le vaste sujet que voici présente l'avantage de tous vous concerner. Il me suffit donc de me servir de ce menu gravier pour pouvoir atteindre ma cible : vous tous, en démontrant que vous êtes tous des cons. Je vais devoir procéder par étapes, voire compléter ce recueil au fur et à mesure de l'avancée de mes recherches. Non pas en raison d'une difficulté prétendument insurmontable de la tâche, car vous savez bien que rien ne me résiste, mais juste pour faire durer le plaisir et vous laisser le temps de marcher naïvement sur mon piège avant qu'il ne se referme sur vous pour déchiqueter très lentement vos membres, faire imploser vos organes et vous vider des différents liquides qui vous composent.

Prêts ? Non ? Tant mieux. Partons. Vous passez votre temps à polluer le monde d'expressions sorties de nulle part, c'est-à-dire de l'esprit des journalistes, la plupart du temps. Je ne cesse de vous entendre meugler des absurdités aussi repoussantes qu'inutiles. « Tout à fait », « voire même », « de par le fait », « malgré que », « la question de savoir »... polluent ainsi le monde francophone grâce au protocole suivant. Un journaliste fait ou répète une faute. Tous les jours. Ses confrères, bien connus pour leur panurgisme (je me permet ce néologisme raffiné pour humilier le dépotoir de vos expressions) et leur crampe du cerveau, répètent cette erreur à l'identique, donc l'officialisent, l'enseignent et la perpétuent. La populace, qui boit religieusement leurs paroles, entre dans une réaction en chaîne assez complexe par rapport au peu de capacités intellectuelles dont elle dispose. Pour résumer grossièrement, nous avons deux possibilités. Soit ces expressions pénètrent lentement leur inconscient (cette phrase est très freudienne, ne trouvez-vous pas ?), soit ils se disent : « Mimile (l'homme du peuple s'appelle souvent Emile), retiens bien ces mots, ça doit être vachement intello, et répète-les devant les copains du bistrot pour leur en mettre plein la vue ». Les deux options sont bien sûr cumulables, car elles sont toutes deux la conséquence d'une crétinerie grassement populaire ayant réussi à pervertir le dernier recoin qui résistait encore à l'invasion de ces bâtards de chiens-loups, destructeurs de toute forme de civilisation.

Les expressions les plus croustillantes sont sans conteste celles qui donnent tout son sens au mot hypocrisie. On appelle ça du politiquement correct, ce qui pour vous est en fait un moyen de mépriser des individus que vous classez dans des groupes prétendument inférieurs à celui dont vous pensez faire partie, tout en faisant croire que vous êtes modernes et donc tolérants. C'est d'ailleurs grâce à cela que je vous perce à jour, en raison de l'odeur de lâcheté qui se dégage de vous dans ce cas de figure.

Vous disposez ainsi d'une nuée de stratagèmes linguistiques conçus afin d'éviter de montrer une certaine aversion pour les personnes handicapées. Au lieu de dire « nain », il faudrait dire « personne de petite taille ». En renversant cette logique, on s'aperçoit que les enfants seraient alors considérés comme des nains. Donner un statut d'handicapé aux marmots paraît très réjouissant à première vue ; cependant, cette classification ne serait pas pertinente. Il vaudrait mieux parler d'handicapés mentaux que physiques. Ensuite, il est de bon ton de dire « non voyant » ou « non entendant », et non pas « aveugle » ou « sourd ». C'est encore une fois faux-cul et stupide, mais en plus complètement inexact. Quand je ferme les yeux ou quand je me bouche les oreilles, je ne vois pas, je n'entends pas. Je suis donc non voyant ou non entendant. Cela ferait-il de moi un aveugle ou un sourd ? N'essayez surtout pas de réfléchir : la réponse est non. Et ce n'est pas fini. Il faut aussi ne pas blesser ceux qui sont moins handicapés que les autres, parce que bon quand même ils ont leur fierté, faut pas les comparer à ces déchets. Ce qui est bien normal quand on revendique le fait de devoir éviter toute stigmatisation. « Mal voyant » ou « mal entendant » servent ainsi à désigner ceux qui sont un peu plus proches de vous, les normaux. Pourquoi ne pas aller encore plus loin ? Vous pourriez dire « pas très bien voyant surtout devant un noir sur fond noir mais avec un blanc sur fond blanc ça va », « moyennement entendant sauf les sons aigus comme les cris de la petite voisine d'en face quand son père lui casse les dents avec une cocotte minute remplie d'eau bouillante »... Ce serait quand même la moindre des choses que de respecter les gens en évitant de les mettre dans le même sac que ceux qui leur sont inférieurs, pas vrai ? Bande de dégénérés à la langue de pute de bois. Non, je ne fais pas référence aux végétaux spermivores hermaphrodites d'une forêt de la région parisienne tristement connue pour la pollution automobile causée par une étrange peuplade de quinquagénaires nomades imitant le pingouin à la vue de la volaille, leur plus grand prédateur. C'est la contraction des expressions « langue de pute » et « langue de bois » représentant l'hypocrisie et la couardise qui vous caractérisent quand vous tentez de dissimuler vos réactions face à la différence sous une couche épaisse et visqueuse de mauvaise imitation de respect de ceux que vous considérez comme des bêtes curieuses. Et vu votre erreur d'interprétation de cette expression, je me dois d'ajouter que vous êtes en situation de grave déviance sexuelle.

Ne partez pas tout de suite, je n'en ai pas fini avec vous. Comme vous êtes « branchés », ouverts sur le monde et que vous soignez votre façon d'être, vous utilisez sûrement des anglicismes. Vous savez, ces mots censés être en anglais, utilisés dans la vie courante, à l'intérieur de phrases déclamées en français. Ces mots que parfois même les Anglais ne connaissent pas. Ces mots qui font bien : pour faire jeune, pour faire pro ou pour faire... chier.

Nommons trois catégories : les jeunes, les professionnels en tout genre et les gens en général. La première se caractérise par une horde d'emplois de l'anglais à la place de mots français dans des situations d'expression de grandes réflexions métaphysiques. Ce qui peut donner : « C'est trop bad, j'ai plus de coke ! », ou « Trop fun le dernier livre d'Alain Finkielkraut ! » ou encore « Je trouve que la théorie de la relativité est un peu trop freestyle, t'as vu. ». Non, je ne traduirais pas. En raison d'une trop grande polysémie et parce que j'ai déjà assez à faire, je vous rappelle que je suis en train de vous régler votre compte. Démerdez-vous comme vous pouvez (donc restez dans l'ignorance puisque vous vous y sentez si bien et que de toutes façons vous ne pourrez jamais en sortir). Le second groupe n'en est pas un puisqu'il est en fait composé de plusieurs groupes, à la fois inventifs et joyeux : les commerciaux, les responsables économiques en tout genre, les ingénieurs... Ceux-là peuvent vomir des insanités à faire pâlir la catégorie précédente. Au lieu de « flux tendu », ils disent « just to time ». « Dispatché » remplace « réparti » (vous noterez la mutation qu'a subi cet anglicisme, traité comme un adjectif français). Ils ne disent pas « l'équipe » mais « la team ». Un « défi » devient un « challenge ». La liste est aussi longue que révoltante. Cet occultisme se pratique volontiers lors de cérémonies sinistrement ritualisées que les adeptes nomment « les réunions » et qui n'existent que pour contaminer les rares collègues n'ayant pas encore été touchés par cette pathologie. La dernière team, heu... la dernière équipe, pardon (c'était pour vous tester), est constituée de l'ensemble des individus. Dans la vie courante, il n'est pas rare que vous osiez substituer : « live », « fair-play », « hit-parade », « fun »... à « en direct », « loyauté », « classement », « drôle »... Sans parler de l'omniprésence du mot « light », que ce soit sur les emballages d'aliments, de boissons ou de programmes politiques, remplaçant le mot « allégé » qui était déjà suffisamment porteur d'imbécillité, instauré grâce aux obsessions ridiculement égocentriques et terre à terre de la femelle. Ne nous attardons pas sur ce sujet (la femelle, bande d'illettrés) puisqu'il sera traité lors d'un prochain lynchage. Bref, revenons-en au sujet initial. Pour quelle raison usez-vous de ces affreuses impostures linguistiques ? La langue française n'est-elle pas assez voluptueuse, riche, complexe et précise pour que vous vous abaissiez à marmonner cette langue de barbares ivres et édentés en quête permanente de la facilité et du mauvais goût ? Voilà ce qui arrive quand on ne sélectionne pas les membres de notre suprême nation : un jour ou l'autre, le ver fait son trou pour que la pomme autrefois si brillante et sucrée s'effondre de l'intérieur, étouffant le noyau que sont les élites par l'accumulation de l'amas gluant des pantins putréfiés que vous êtes.

Nous arrivons au terme de cette analyse. Pas de panique, j'ai gardé le meilleur pour la fin : le remplacement de l'adjectif ou du nom commun « noir » par le mot « black ». Vous noterez déjà que cela rentre également dans la catégorie des anglicismes idiots qui impressionnent ceux qui ne comprennent rien, tout en s'approchant dangereusement des néologismes hypocrites servant à ne pas montrer que vous méprisez les handicapés. Et au lieu de changer cette catégorisation, voire de nier la différence, ce qui serait logique pour du politiquement correct, vous ne faites que changer l'apparence sonore du concept. C'est tellement fin de dire « c'est un black ». La version franche, « c'est un noir », est raciste. Mais il suffit de se servir de la traduction anglaise pour avoir l'air à la fois en osmose avec votre époque et avec toutes les différences qui composent l'humanité. L'idée est la même, vous réduisez toujours quelqu'un à la couleur de sa peau, tradition chère à tant de pays égalitaristes. Sauf qu'attention hein ça n'a rien à voir : c'est en anglais.

Imaginons que cela parte d'une bonne intention et soit justifiable. Il faudrait alors appliquer cette mesure dans toutes les situations, y compris celles qui n'ont rien à voir, car la principale peur des racistes c'est qu'on pense d'eux qu'ils le sont. Il faut donc que vous passiez votre temps à surveiller ce que vous dites pour éviter d'être découverts. Mais attendez... c'est réel, ça a déjà commencé : ne dites-vous pas « travailler au black » au lieu de « travailler au noir » ? A moins que vous m'expliquiez le rapport entre le travail non déclaré et les ravages causés par des siècles d'esclavagisme et de colonialisme, je me dois de me gausser. La révolution est donc bel et bien en marche, et dans ce climat de paranoïa et d'hypocrisie, qui je l'avoue n'est pas pour me déplaire, la langue française connaît une dégénérescence aussi répugnante que maligne.

Je prédis que dans quelques années, nous devrions subir ce genre d'abominations :

« Mince alors, Bertrand lui a encore foutu un œil au beurre light black ! »

« Hello mister le boulanger ! T'as des têtes de black light ? »

« Shit ! C'est pas over cool les olives blacks sur ma pizza light ! »

« Garçon please ! Un café light bien black ! »

« Je dédicace ce livre light à tous mes fans que je love et à mon black qui a tout writé à ma place (mais mon manager m'a dit de pas le dire, you see). »

La « mode », qui de nos jours va de plus en plus vite, a déjà remplacé le terme « black », étant à l'origine une imposture de tolérance, par un nouveau mot partant du même procédé, employé par les jeunes : « keubla » (peu importe l'orthographe, car le jeune ne sait écrire qu'en « texto », sorte de morse du pauvre d'esprit en phase avec les pompes à fric à la pointe de la technologie inutile). Vous avez bien lu. Keubla. Non seulement on en remet une couche, mais en plus on allie l'anglicisme inculte au « verlan », pratique langagière soi-disant contemporaine qui était parlé bien avant que ces fientes humaines ne soient dans les gonades de leurs procréateurs, voire que les procréateurs de leurs procréateurs n'aient commis le crime de s'essayer aux techniques de la fécondation humaine à l'ombre d'une centrale nucléaire.

Après avoir dignement survécu aux attaques de métèques, italiens et arabes en tête (pour une fois que ces gens-là sont en tête de quelque chose...), non sans séquelles douloureuses heureusement minimisées, assimilées, notre noble langue se fait partiellement remplacer par une parodie de dialecte façonnée tantôt par l'inculture, tantôt par une fascination soumise pour les peuples anglophones. C'est comme si vous étiez entourés d'aliments frais, sains et savoureux, qu'au lieu d'en faire votre repas vous alliez vous fournir dans votre merde ou dans celle d'un inconnu, et qu'ensuite vous poussiez vos congénères à vous imiter. Vous en êtes arrivés à moins considérer votre esprit que votre foie en vous précipitant sur des mots encore moins appréciables que vos mets, pourtant suffisamment infects. Le genre d'indigestion qui en découle n'est pas de celle que l'on peut soigner avec du bicarbonate de soude. Elle n'est malheureusement pas mortelle mais hautement aliénante, diminuante et contagieuse, en plus d'être irréversible.

La destruction de ce qui structure vos pensées, vos actes et vos sentiments contribue à développer ce qui est à son origine : votre laxisme face à la médiocrité, si ce n'est votre médiocrité elle-même. Il est trop tard pour entamer une vague de répression : il faut désormais penser à l'épuration de ce mal, ne pouvant en aucun cas être initiée par ses victimes. Cette tâche s'ajoute donc à mes plans, cela va de soi.

quauktaihll@free.fr